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LES MYTHES QUI ENTOURENT LE SUICIDE


Mythe #1 : Ceux qui en parlent ne le font pas

Ce mythe sous-entend que lorsqu’une personne nous parle de son intention suicidaire, c’est qu’elle va déjà mieux, qu’elle désire attirer l’attention, ou encore qu’elle veut manipuler son entourage, et que si elle était vraiment décidée à mourir, elle n’en parlerait pas. Or la réalité est toute autre: sur 10 personnes qui se suicident, 8 donnent des indices de leurs intentions. Qu’il soit très clair ou plus subtil, le message verbal est un élément de dépistage des plus importants. Pour la personne suicidaire, parler du suicide est peut-être sa dernière tentative d’exprimer sa souffrance. Nous devons prendre très au sérieux toute allusion au suicide ou à la mort.

Mythe #2 : Ceux qui se suicident sont vraiment décidés à mourir

Ce mythe nous laisse supposer que la personne suicidaire choisit la mort, qu’elle a pesé le pour et le contre et que, après mûre réflexion, elle prend une décision rationnelle. Cela sous-entend que l’on ne peut plus intervenir et, de ce fait, ravive le sentiment d’impuissance ressenti en présence de celui qui souffre. En réalité, la personne suicidaire est ambivalente. Ce n’est pas la mort qui est recherchée, mais la fin de la souffrance. Pour elle, il n’y a plus d’autres solutions, aucune autre issue. L’ambivalence entre cesser de souffrir et vivre ne vient pas nier le sérieux de l’idée. Au contraire, une grande partie de l’intervention auprès d’une personne suicidaire consistera à vraiment comprendre cette ambivalence, et à s’en servir pour trouver une solution porteuse d’espoir en un futur moins souffrant.

Mythe #3 : Le mythe du courage ou de la lâcheté

Pour certains, vu de l’extérieur, le geste suicidaire se perçoit comme un signe de lâcheté, tandis que pour d’autres, comme un signe de courage. Quant à la personne suicidaire, ces qualificatifs sont rarement ceux qu’elle utiliserait. En fait, la personne suicidaire n’y voit là ni courage ni lâcheté: à ses yeux, il n’y a tout simplement pas d’autre choix possible. Ce sont les autres qui posent ce jugement, probablement en fonction de leurs propres limites et de leur façon personnelle de faire face à un problème. Le suicide n’est pas un acte de courage ou de lâcheté; c’est un acte de désespoir.

Mythe #4 : Le suicide se produit sans avertissement

En général, les gens connaissent et/ou reconnaissent peu les signes précurseurs d’un comportement suicidaire. Or, le suicide est souvent l’aboutissement d’un processus au cours duquel la personne donne des signes de sa détresse et de son intention suicidaire. Encore une fois, la reconnaissance rapide de ces signes et du processus suicidaire s’avère un élément déterminant dans la prévention du suicide.

Mythe #5 : Suicidaire un jour, suicidaire toujours

La personne suicidaire est une personne souffrante, en état de crise. Pour un certain nombre d’individus, cette crise sera ponctuelle, sans récidive, et pourra même se révéler une occasion importante d’apprentissage. Par contre, pour une certaine proportion de personnes suicidaires, on remarque un état de chronicité, une répétition du processus à travers le temps, qui peut débuter à l’adolescence, et ce, spécialement à l’intérieur d’une population plus à risque (par exemple, chez les personnes souffrant de maladie mentale chronique).

Mythe #6 : Le mythe de l’hérédité et de la maladie mentale dans le suicide

Le suicide n’est ni héréditaire, ni transmis génétiquement. L’existence de plusieurs tentatives ou suicides complétés parmi les membres d’une même famille résulte d’un comportement appris où le suicide est intériorisé comme étant une façon de régler ses problèmes. Pour la personne suicidaire dont un parent s’est suicidé, le mythe est souvent très fort, et se traduit par : « Je vais finir comme ma mère ou mon père. ». C’est un héritage lourd à porter, surtout lorsqu’une personne est en processus suicidaire. Quant à l’hypothèse de la maladie mentale étant inhérente à l’état suicidaire, cela ne fait pas l’unanimité. Bien que les personnes suicidaires soient malheureuses et déprimées, elles ne sont pas nécessairement atteintes d’une psychopathologie ou d’un trouble mental diagnostiqué. Ainsi, on constate que la population suicidaire serait formée, d’une part, de personnes en crise situationnelle, et d’autre part, de personnes suicidaires chroniques et comptant plusieurs tentatives de suicide à leur actif. Toutefois, une large proportion de personnes suicidées avait été diagnostiquée souffrant de maladie mentale. Les diagnostics les plus fréquents sont: la dépression majeure, les psychoses maniaco-dépressives, les troubles de la personnalité et les psychoses non organiques. Les diagnostics sont parfois multiples également. Par ailleurs, il faut insister sur l’interaction complexe de facteurs bio-psycho-sociaux et culturels dans le comportement suicidaire qui, pris isolément, ne peuvent expliquer à eux seuls le recours au suicide.

Mythe #7 : Parler du suicide à une personne perturbée lui donnera l’idée de passer à l’acte

Il est certain qu’il faut parler du suicide, mais pas n’importe comment. Par exemple, si l’on dit à quelqu’un qui nous parle de ses intentions suicidaires qu’il peut mettre à exécution ses plans de suicide, on ne fait que lui confirmer qu’il a raison et qu’effectivement, il n’y a plus d’autres alternatives à sa souffrance. Certains croient que mettre au défi une personne suicidaire va l’amener à réaliser le non-sens de son geste et à changer d’idée. Lancer un défi peut faire réagir la personne, mais peut-être pas dans le sens voulu. La personne ainsi mise au défi peut sentir que sa mort est souhaitée, que sa vie importe peu. Le rejet, le sentiment de ne pas être entendue, peuvent pousser la personne suicidaire à agir plus vite. Par contre, si on lui demande directement s’il songe au suicide, on ne lui met pas l’idée en tête; au contraire, on lui ouvre plutôt des portes à travers lesquelles il pourra exprimer sa souffrance. On lui dira alors qu’il peut nous en parler, et que nous l’écoutons. On lui démontre qu’on le croit, et qu’on veut l’aider.

Ce bref tour d’horizon des mythes et des préjugés fréquemment rencontrés démontre que le suicide n’est pas toujours ce que l’on croit. Le suicide relève toujours d’un ensemble de conditions, qui créent un contexte dans lequel une personne sera plus vulnérable qu’une autre, face à une même situation de crise. Source: Association Québécoise de Prévention du Suicide (AQPS). Pour en savoir plus : www.aqps.info

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